Ces dernières semaines sont éprouvantes pour notre belle société québécoise. Nous découvrons avec stupeur la tête cornue du diable que certains hommes avides de pouvoir ont endossée…l’humain dans sa plus grande bassesse (mouvement Me Too). Comme bien des gens, mon cœur est triste de constater à quel point l’homme peut se transformer en une véritable bombe atomique et tuer sur son passage, sans remord et sans regret, l’Âme de ses victimes. Je suis triste de constater que toute la bonté dont l’homme peut faire preuve peut laisser place à la domination, l’abus et la perversité.

Toutefois, tout n’est pas noir et tout n’est pas blanc. Dernièrement, mon soleil était rose, j’ai renoué avec la bonté de l’homme et cela m’a fait un bien fou. J’ai assisté à un colloque destiné aux endeuillés. Un événement des plus émouvants. Le respect, la compassion et le réconfort étaient au rendez-vous. Les quatre conférenciers ont ouvert grand leur cœur et les endeuillés, remplis d’espoir, ont fait de même. Un beau partage de cœur à cœur. Dieu a fait son apparition en chacun d’eux, je les vois se tenant devant nous, illuminés et courageux par sa présence intérieure. Ils étaient droits et fiers d’avoir survécus à la si grande tragédie qu’est la perte d’un Être cher et sincèrement heureux de nous partager et de nous insuffler l’espoir, qu’un jour nous trouverons à notre tour, la force de vivre et de sourire à nouveau. L’une de leurs missions était certainement de nous éveiller au monde immensément grand qu’est la Foi qui, on va se le dire, en prend un coup lorsque l’on perd celui ou celle que l’on aime. Il se peut bien que notre Foi soit quelque peu ébranlée, c’est notre monde qui s’écroule. La douleur est si vive que l’on peut à peine respirer. La seule chose dont on a envie, c’est de retrouver notre Être cher et que tout redevienne comme avant. Tant de peine, de colère, d’impuissance et d’incompréhension. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Tant de questions sans réponses au moment où nous en avons le plus besoin. Mais comme le disait si bien Corneille à cette conférence, « attends! attends! » lui chuchotait une toute petite voix lorsqu’il se questionnait sur l’ampleur de la tragédie qu’il venait de vire et le pourquoi de poursuivre sa vie. Il avait beau vouloir tout lâcher mais quelque chose de puissant en lui le poussait à poursuivre. Il a fait confiance à cette petite voix, il a eu Foi et il a continué à marcher un pas à la fois en attendant d’avoir ses réponses…qu’il a eues au bon moment! Au moment où elles avaient la chance de prendre tout son sens.

Tous les conférenciers s’entendaient pour dire qu’ils ont dû puiser en eux une force dont ils ne soupçonnaient pas l’existence. Tous ont dû se reconstruire morceau par morceau. Tous ne seront plus ceux et celles qu’ils ont été avant ce jour fatidique. Toutefois, tous sont unanimes pour dire que c’est certainement l’expérience la plus difficile à vivre à ce jour, mais qu’ils ont grandi dans cette épreuve. Qu’ils ont été poussés par un amour immense pour réaliser des projets d’envergures à l’image de celui ou de celle qu’ils aimaient tant et que finalement, cela avait fait d’eux de meilleures personnes.

À l’Ère où tout va très vite et que la zénitude prend toute la place, c’est comme si nous ne pouvions pas nous permettre de vivre intensément nos émotions si elles ne sont pas « positives ». Je peux vous assurer que ce colloque sur le deuil était loin d’être ennuyant et triste. Au contraire, il m’a rempli de « VRAI ». J’y ai vu des « larmes guérisseuses », j’ai fait l’heureuse connaissance de personnes décédées dont j’ai pu admirer leur remarquable et trop court parcours. J’y ai rencontré des endeuillés battants, créatifs, humains et tellement inspirants avec leur mélange de vulnérabilité et de goût de vivre assumé. Un colloque sur le deuil qui gonfle à bloc, je vous en bouche un coin hein?

Et pourtant, lorsque j’ai parlé de cette conférence à des gens autour de moi, en espérant être accompagnée, aucun n’avait le goût d’assister car, semble-t-il, c’est un sujet trop « dark ». J’aurais proposé d’assister à une conférence de motivation, qui est très populaire depuis quelques années, et j’aurais eu beaucoup plus de succès à me faire accompagner. J’ai l’impression que le deuil est un sujet dont certaines gens fuient dans l’espoir de ne pas être rattrapés par lui et même oubliés. Je ne peux m’empêcher de me questionner sur le fait que le deuil soit aussi évité et tabou. C’est vrai, tous savent que tu es en deuil mais personne n’ose t’en parler. Le peu de gens qui osent le faire se promettent de ne plus recommencer lorsqu’ils aperçoivent de petites larmes glisser sur tes joues. Ils n’ont pas compris que ces larmes ne sont pas dévastatrices et qu’elles sont sans danger. En fait, c’est l’intérieur qui demande la libération d’un trop-plein d’émotions. C’est l’intérieur qui se sent en confiance devant l’autre et qui se permet de libérer de la tristesse, de l’ennui, de la solitude, de la douleur, etc.

Je ne juge pas puisque j’ai déjà été cette personne avant d’être endeuillée et de comprendre l’importance de parler de l’Être perdu qui nous habite encore entièrement. Vous ne savez peut-être pas à quel point cela peut faire du bien de parler de notre défunt…n’est-ce pas un bon moyen de garder vivante cette personne tant aimée? Oui le deuil jette à terre et oui ça assombri nos jours mais cela fait partie de la réalité. Autant en être tous conscient et concerné. Le processus de deuil est unique, le soutien pour le traverser est collectif.

L’union fait la force!

Mélanie

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