Tout a commencé deux mois avant le jour fatidique soit en juin 2011. Mon foie souffrait le martyre et la douleur irradiait jusque dans mon dos. Je me réveillais la nuit tant j’avais mal et c’était impossible pour moi de me rendormir. Je me levais, prenais alors une balle ou encore le cadrage de porte pour me masser le dos à la hauteur du foie et tenter d’être soulagé. À mon grand désarroi, cette douleur était omniprésente nuit après nuit. Tout ce temps, j’ai voulu croire que c’était ma magnifique petite fille que je portais qui, de ses petits pieds, poussait sur mon foie et l’écrasait. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas fait de lien avec toi ma jumelle, pourtant ce n’était pas la première fois que je te ressentais ou que toi tu me ressentais. J’aurais dû comprendre que cette douleur était la tienne et qu’il se préparait quelque chose de grave pour toi. Possible qu’au plus profond de moi je savais que ce qui se dessinait pour toi était gros, plus fort que nature. Puis, moins de deux semaines avant ton hospitalisation qui a mené à ta mort, j’ai reçu de plein fouet cette évidence qui, encore une fois, était annonciatrice de mauvaise nouvelle. Bien assise dans mon salon, j’écoutais les nouvelles quand tout à coup ils ont annoncé la mort tragique d’Amy Winehouse. Ce jour-là, j’ai su. Ce jour-là, j’ai eu peur. À partir de ce jour-là, j’ai prié et prié pour que ce ressenti ne soit pas vrai. Bien sûr que je ne t’en ai jamais fait part puisque je ne voulais pas y croire. Pas toi ma Nadi, pas nous les jumelles. Nous sommes jumelles et nous devons le rester.
Puis voilà qu’un certain 2 août je reçois l’appel ultime…ils me disent que tu es aux soins intensifs et que l’équipe de soins doit me rencontrer d’urgence. Hépatite B fulgurante! Je ne connais pas cette maladie, mais je sais qu’à ce moment mon univers s’écroule. En une fraction de seconde mon cœur s’émiette, mes poumons s’affaissent, tous ces signes me reviennent, ça y est je ne respire plus. Je me rends aux soins intensifs et te vois. Tu es là mais si loin à la fois. Tu es médicamenté et surtout prêtes à la sortie. Je ne comprends plus rien, tout me semble si irréel. Je tente tant bien que mal d’accrocher ton regard afin d’être rassuré que demain et les jours suivants tu y seras, mais c’est sans succès, tu me fuis. Ça été une rencontre vraiment difficile. Tu n’étais pas contente, tu voulais régler les problèmes de ta vie toute seule, tu avais aussi demandé qu’on ne m’avise pas pour ne pas m’inquiéter étant donné ma grossesse et d’une façon, hors de ton contrôle, je suis là à ton chevet. Heureusement, juste avant mon départ nous nous sommes collées l’une à l’autre, nous nous sommes fait cette petite douceur que je porte encore aujourd’hui dans mon coeur. Tu m’as demandé si ce serait une fille que j’aurais et lorsque je t’ai dit « oui » tu m’as dit « je le savais ». Eh oui, c’est ça être jumelle, tu savais avant que je t’informe du sexe de mon bébé. C’est aussi à ce moment que tu m’as fait la grande demande, celle de n’aviser personne dans la famille, car tu étais trop fatigué pour l’affronter. C’était une demande difficile à gérer pour moi, je ne savais pas quoi en penser, car en fait j’étais trop secoué pour réfléchir et prendre des décisions. Je me suis référée à l’infirmière en chef et elle m’a suggéré de respecter ta demande jusqu’au lendemain. Tu serais plus reposée et ils auraient les résultats des tests.
Fatiguée, tu m’as dit! Nous n’avons pas eu le choix de te croire puisque tu as plongé dans un profond sommeil pendant deux semaines. Ni tes enfants ni la famille n’ont pu profiter, une dernière fois, de ta présence sur cette terre. Aujourd’hui tu n’y es plus. J’aimerais revenir dans le temps et faire autrement, mais ce n’est pas possible. Rien ne pourra te ramener à la vie, rien ne pourra nous rassembler de nouveau comme autrefois. Tu es partie et j’ai cru mourir aussi. J’ai vu noir et me suis mise sur le pilote automatique. Combien de temps. Je ne le sais plus, c’est une période sombre qui me semblait vouée à l’infini.
Puis un jour, au moment où je ne m’y attendais pas, j’ai croisé sur mon chemin de petites étoiles qui l’éclairaient. En fait, c’était de petits outils mis à ma disposition qui brillaient sous le reflet de la lune. Je les ai ramassés un à un et les ai utilisés un jour à la fois. Je suis sortie de ma noirceur sans trop m’en rendre compte.
À présent, je sais qu’au-delà du firmament, il y a une part de moi avec toi comme tu es en moi aussi. Un jour quelqu’un m’a dit: on ne vit que dans la tête et le cœur des gens. Ouf! Ces mots porteurs de sens ont raisonné, leur écho m’a montré le chemin et c’est en lui que je t’ai trouvé ma Nadia, ma jumelle. Dire que je t’ai cherché pendant au moins trois ans et pourtant, tu étais si près. C’est maintenant une évidence, je sais dorénavant où tu habites….en mon Coeur.
Dans mon brouhaha du quotidien, plusieurs fois par jour, l’écho se fait entendre et alors mon coeur se rappelle que tout ce que l’on a partagé ces 35 années est toujours là en moi, que tout l’amour que j’ai pour toi me porte jour après jour. Que l’équipe que nous avons été et que toute la complicité dont nous avons eu la chance de vivre m’accompagne dans les épreuves et les obstacles du quotidien pour m’aider à avancer.
Je suis empreinte de « Nous » et je le fais vivre de mieux en mieux avec le temps. Tu as été et tu seras pour toujours ma jumelle.
Nadia Marois 26 juillet 1976 – 14 août 2011
Quel message touchant, je suis très émue, lâche pas elle est avec toi dans ton cœur et elle te suit partout. XxxX
Si tu veux j’ai quelques photos de ta jumelle, je peux tes remettre.
Juste à avoir ton adresse.
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Merci Nancy c’est super gentil et j’apprécie que tu aies pris de ton temps pour m’écrire 🌞 C’est certain que j’aimerais avoir les photos voici mon courriel mel.marois@hotmail.co. Bonne journée
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Mélanie, c’est une partie d’elle, de toi, de vous…. si émouvant. Je te souhaite de la paix intérieure☺
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Super beau texte, histoire très touchante et qui me parait encore irréel quelques fois. Tu es forte et je suis bien heureuse que tu ai rencontré une personne qui tout comme toi a perdu sa moitié 🙂 xxx
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